Oh Belgique, comme tu es naze! Voilà ce qui constituerait le premier vers idéal d'une ode à la nazitude de la Belgique, avec ses candidats que tu guettes avec plus de méfiance que de curiosité. Ou alors, une étrange curiosité. Alors que pour l'Estonie, il a suffi d'une quinzaine de candidatures pour établir un beau top 10, la Belgique, en 50 ans de participation, n'arrive péniblement qu'à un top 5. Un top 5 particulièrement difficile à achever car comment séparer le vrai bon du fantastiquement nul?
5. Ishtar - O Julissi (2008)
Ne pas prendre la Belgique pour une buse: elle sait aussi observer au mettre en place des stratégies. Après sa 2e place en 2003 (une soupe world aussitôt vue aussitôt oubliée), la Belgique retente le coup de la chanson en langage imaginaire. Enfin, imaginaire si on veut puisqu'on a découvert que la première phrase de la chanson voulait dire quelque chose en ukrainien (Biglouche, tu perds ta couche, ou un truc sur les arbres, je sais plus). Comment définir Ishtar. Est-ce que tu as vu Chicago? Te souviens-tu de la petite Polonaise condamnée à mort? Et qui, jusqu'au bout, danse sa vie jusqu'à la corde au cou? Ben Ishtar c'est pareil. C'est un peu la chanson condamnée à mort (le test des dix premières secondes fatidiques marche encore une fois), avec sa chanteuse rapidement à bout de souffle, les yeux ébahis comme Bambi face à un semi-remorque ou Jean-Marc Morandini face à un dictionnaire, et vazy ça y va ça ne s'arrête jamais même si tu sais qu'au bout, il n'y a que la potence. Putain y'a même une modulation! C'est trop beau. C'est un peu comme si les Schtroumpfs s'étaient tous fringués en rouge pour se la jouer Grand Schtroumpfs et tripaient sous crack dans le secret de leur forêt. Eliminé en demi-finale, le groupe existe toujours mais ses valeureux membres sont eux partis à droite à gauche.
4. Lisa del Bo - Liefde is een kaartspel (1996)
Vies et re-vies du générique de Champs Elysées: au départ, un instru disco-pleureuse fait pour accompagner la descente de limousine de Denise Grey ou de Jil Caplan ravies de rejoindre Michel Drucker. Puis, en 96, on maquille un peu ça et ça nous fera un candidat belge valable. Voici Lisa del Bo, qui, quand tu la googlise, est référencée avant tout sur Bide & Musique (un indice chez vous). Depuis, sa chanson a été pompée par la Suède en 2001 (pas de quoi se vanter), cette version étant repompée par la même Suède en 2003 (c'est indigne! Ils chantent juste un ton plus haut à chaque fois!). Lisa a donc pour elle la fraicheur de l'essai quasi original, et cette belle langue flamande. Mais ça aurait été encore plus beau en français, qui a été enregistrée, et qui contient des paroles faribolesques telles que "Toi et moi! Moi et toi! Toi et moi! Ce sera toujours nous!" (les paroliers sont-ils Suisses?). Lisa a fini 16e contre 5e pour les deux pompages suédois, il est vrai mieux produits. C'est rageant mais la vie c'est comme ça, on n'a pas tout c'qu'on veut mon gars.
3. Kate Ryan - Je t'adore (2006)
En 2006, la Belgique sort le grand jeu en présentant Kate Ryan, sorte de médicament générique de l'eurodance européenne, connue pour ses reprises de Mylène Farmer et de France Gall. Ça paraît pas comme ça mais elle a marché dans pleins de pays d'Europe. Quoi de mieux alors que de l'envoyer à l'Eurovision en lui faisant chanter du schlager des familles, dis-moi? Le problème c'est qu'en 2006, tout le monde a sorti le grand jeu, et la demi-finale de cette année reste probablement la compétition la plus relevée de l'histoire récente du concours. La pression est palpable, voir le réalisateur qui a probablement glissé sur ses manettes lors du lancement du finale du morceau et qui, au lieu de filmer Kate dans sa splendeur éternellement rougeaude, avec son effet "mes UV me donnent la couperose", se retrouve dans les coulisses avec un caméraman qui se casse la gueule. Un peu l'histoire du morceau puisque Kate, annoncée comme une des favorites de l'année, s'est abimée dès la demi-finale. On n'est pas bien sûr que la mise en scène à multimicros ait vraiment aidé mais déjà, ils ont réussi à ne pas lui exploser la mâchoire avec.
2. Sandra Kim - J'aime la vie (1986)
La seule et unique victoire de la Belgique à l'Eurovision! Qu'ont bien pu penser les autres candidats de l'année lors de leur défaite face à cette gamine qui en fait 600.000 tonnes déguisée en mannequin maman des années 80 aux épaulettes géantes façon serveuse-danseuse de la MAAF? A t-elle seulement été une fillette un jour? Pour Shalali Shalala, le mystère reste entier. On se souvient de ses réactions de blasée grise lorsqu'un site consacré à l'Eurovision lui avait demandé son opinion sur les candidats de 2006 (non mais ça va, t'es Sandra Kim quoi, genre tu peux juger qui que ce soit en poussant des soupirs), on sait que sa carrière n'a jamais décollé, et que son seul fait de gloire est d'avoir repris sa chanson dans une pub inénarrablissime pour lessive qui est là, vois-la avant de mourir!!! C'est génial. On aurait aimé que les paroles soient plus bousculées évidemment (J'aimeuh j'aimeuh les blancs? J'aimeuh j'aimeuh l'argent?) mais le résultat de cette décrépitude est déjà tellement beau. La chanson est un tube quand même donc 2e de notre classement.
1. Telex - Euro-vision (1980)
A l'heure où il est du dernier chic d'envoyer Sébastien Tellier à l'Eurovision, on se rend compte que la Belgique, en 1980, soit il y a trente ans, avait un candidat déjà aussi moderne! Voisins de Kraftwerk dans les expériences électro, Telex est le pendant rigolo, car ils ont probablement compris qu'on ne pouvait pas vraiment utiliser de vocoder tout en étant sérieux. Hum. Le morceau, admirable, est devenu un hymne non-officiel du concours et prouve encore une fois qu'un bide (17e sur 19) ne condamne pas forcément un candidat. Cette année là, Katja Ebstein (pour ne parler que d'elle) a fini 2e. Tu t'en souviens?
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