jeudi 25 novembre 2010

Best of the Best - Le Royaume-Uni


Voyageons maintenant dans la royauté de l'Eurovision et plus précisément sous la couronne plus que vacillante du Royaume-Uni. Entendre parler de royauté du concours pour un pays qui a cumulé, ces 8 dernières années, rien de moins que 7 de ses pires résultats historiques (dont 2 dernières places) peut paraître étrange mais ce serait oublier que la perfide Albion a, de 1957 (première participation au  concours) à 1998, loupé le top 10 à... 2 reprises. Eh oui, c'était le moment où l'on ne pouvait pas passer une soirée sans entendre de United Kingdom, twelve points, le moment où l'avant-garde et le sens de la mélodie étaient avant tout de l'autre côté de la Manche. Désigner les 10 joyaux de notre top 10 n'a pas été chose facile et d'ailleurs notre jury n'a pu se mettre d'accord: nous avons deux 10e à égalité de points. On le refera plus, promis. Voici le meilleur du meilleur de 53 ans de Royaume-Uni!


10. Bucks Fizz - Making Your Mind Up (1981)

Allez les kids on roule du cul, on danse des mains, on enfonce bien sa perruque blonde et c'est parti! Bucks Fizz, victorieux en 1981, pond ici une ritournelle pop rétro peut-être un rien stressante sur la longueur mais qui place les jalons de la décennie britannique à venir: un code couleur primaire (efficacité chromatique) et une mélodie popopopop (efficacité musicale) pour faire woubidouwa devant ta télé. Évidemment, si l'arrachage de jupe, devenu l'une des images cultes du concours, avait été fait pour découvrir un cul nu, les Bucks Fizz aurait été encore plus hauts dans ce top.


10. Jade Ewen - It's My Time (2009)

En 2009, après une cascade de bides, le Royaume-Uni tire la sonnette d'alarme et casse sa tirelire pour se payer les services de Diane Warren (l'auteur heureuse de tubes comme If I Could Turn Back Time de Cher, Unbreak My Heart de Toni Chômeuse Braxton, I Dont Want to Miss a Thing d'Aerosmith, bref que du subtil) et de Andrew Lloyd Webber (légende de Broadway et papa des ziziks de Cats, Evita et surtout *enclenchez vos orgues géants* Le Fantôme de l'Opéra) et tenter de remettre un peu d'ordre dans tout ça. I've been down, down so long, but those days are gone now: c'est Jade qui chante mais ça pourrait être aussi bien le Royaume-Uni entier. Le résultat? Une pièce montée géante qui nous projette de la scène de l'Eurovision à la scène des Oscars, comme si Jade (polie, gentille, souriante, parfumée, l'anti-pute de l'est) allait nous chanter la power-ballad de Pocahontas. C'était à peu près ça, avec des petits violonistes nappés d'un effet fumée à rendre jalouses les schlagueuses sur la touche (on a quand même frôlé le drame absolu à 1'05 quand le mec donne un coup d'archet dans le micro de Jade), et évidemment, c'est la guerre, on y met les moyens: Andrew Lloyd Webber, plus fantôme de l'opéra que jamais, est aussi présent sur scène pour soutenir son poulain. Résultat: une 5e place méritée. Comme quoi il suffisait de faire un petit effort. On me dit dans l'oreillette que c'est le morceau qu'écoute Annette Bening tous les matins devant son miroir en attendant les Oscars.


9. Emma - Give a Little Love Back to the World (1990)

La toute jeune Emma qui a piqué sa robe à sa reum lance la courte mais efficace mode anglaise de la chanson humanitaire, dont la mission ne consistait pas à lui trouver un vrai coiffeur (alors que pourtant) mais à rendre au monde l'amour qu'il te donne. Oui, d'ailleurs cette chanson donne aussi tout son sens au mot "rendre" mais c'est une autre histoire. Emma, sorte de mix entre Camille Raymond et un chien (note le plan double chien à 1'07, absolument imparable), entame avec ses comparses choristes une espèce de danse de meunière qui ballote des bras et des pieds de gauche à droite, d'une élégance discutable (mais on sent qu'à gauche la blonde Becky - elle doit s'appeler Becky - est plus à fond que les autres, d'ailleurs elle tripe toute seule à 1'41 alors que personne lui a rien demandé). Est-ce un hommage aux mères laborieuses du tiers-monde qui arpentent les durs chemins de la vie? Comme toutes les chansons humanitaires, Give a Little Love Back to the World est surtout un hymne de la mort, ici en Technicolor, rehaussé par un finale tout en humilité. Emma a été récompensée par une belle 6e place.


8. Ryder - Runner in the Night (1986)

Quelque part entre du Billy Ocean so 80's mélangé aux lasers de Jayce et les conquérants de la lumière, voici Ryder et sa chanson digne de rythmer un cauchemar d'un des multiples épisodes de Freddy, et évidemment la machine à fantasmes ne peut s'empêcher d'imaginer que, en parlant de Jayce, tout ceci aurait été encore meilleur avec quelques irruptions de Monstroplantes sur scène. Tous les moyens apparemment sont passés dans le costume bleu du leader, une sorte de Forban chevalin qui portera le morceau jusqu'à une belle 7e place.


6. Sandie Shaw - Puppet on a String (1967)

6e place oui directement car voici à nouveau des ex-aequo! Commençons par Sandie Shaw et son Puppet on a String qui fut non seulement le premier gagnant britannique mais qui reste depuis l'un des gagnants les plus connus. Eh oui, cette intro Chapi-Chapo, ce carrousel de la joie, cette concision 60's (oui là les chansons se limitent carrément à 2mn), ce plan étrange sur des choristes muettes à 1'11 et UNE MODULATION! C'est la source. La chanson a été depuis reprise en lituanien, en bulgare ou encore en chinois. C'est la dernière année en n&b, et c'est un nouvel âge qui commence.


6. Katrina & the Waves - Love, Shine a Light (1997)

Cela faisait 16 ans que le Royaume-Uni n'avait pas gagné et Katrina & The Waves a permis à la couronne britannique de s'enorgueillir d'une 5e victoire. Et pas des moindres puisque Katrina a écrasé le concours 1997, record historique de points avant la multiplication des candidats des années 2000 (et donc des points), laissant son dauphin de l'année 70 points derrière. Ça valait le coup de sortir les trompettes royales utilisées spécialement pour le live et absentes de la version studio. Katrina & the Waves, qui s'est fait connaitre une dizaine d'années avant grâce à Walking on Sunshine, s'est séparé l'annnée suivante *splitch*, Katrina retentant malgré tout le coup avec son nouveau groupe au Melodifestivalen 2005 mais sans succès. La même année, on a beaucoup entendu parler de Katrina & the Waves dans les journaux anglais, parce que c'était le petit nom que beaucoup avaient donné à l'ouragan Katrina qui a frappé les Etats-Unis cet été-là.


5. Belle and the Devotions - Love Games (1984)

Plus 80's que Belle and the Devotions, tu meurs. Eh pourtant, leur chanson rappelle plutôt la pop féminine 60's, interprétée par des amazones en pleine CyndiLauperie qui se serait déguisée pour une soirée Joker, un peu comme si les Misfits chantaient une chanson sucrée de Jem et les Hologrammes. Bon a priori, après ce que j'ai écrit, vous ne lisez déjà plus et vous êtes déjà en train de regarder la vidéo. Les meufs ont fait 7e, un grand bravo à elles.


4. Samantha Janus - A Message to Your Heart (1991)

Vous vous souvenez, un peu plus haut, quand je vous parlais de la tendance humanitaire du Royaume-Uni? Voici la perle du genre. C'est un peu dans l'esprit d'Emma, mais ils ont viré le chien pour mettre une bonnasse et remplacé la ballade guimauve par du rythme éclair de Cadonett Lady (ramolli ici par l'orchestre mais bon). Quoi de plus beau que de la chanson humanitaire chantée en tenue de Barbie Nuisette et des boules de Noël en guise de boucles d'oreilles pour penser plus fort aux enfants pauvres grâce à mes bijoux fantaisie? Samantha Janus, malgré son nom du feu de dieu, malgré son texte fort qui dénonce (Half the world is lucky, born in paradise / But they don't see the children with hunger in their eyes!), n'a fini qu'à une honorable mais un peu décevante 10e place.


3. Scooch - Flying the Flag (2007)

Le jury a compté et recompté ses points, nos lecteurs anglais vont peut-être manger leur chapeau, mais oui, Scooch est 3e de notre top Royaume-Uni! Alors oui, Scooch c'est un peu le retour interdit de Vengaboys au 21e siècle, mais quelle perfection de la ritournelle pam-padam-pam-padam, quelle mise en scène et découpages parfaits, quelle chorégraphie regarde je fais l'avion, que d'idées géniales en trois minutes, quel camera-work irréprochable - le lecteur attentif verra également que Scooch fait référence à l'un des candidats cités dans ce top! C'est du méta-eurovision! C'est le futur! Voilà, je ne prends plus jamais l'avion sans l'avoir dans la tête au moment des démonstrations de sécurité (comme ça si je m'écrase, ce sera dans la joie). Bon, personne n'a aimé à part Malte qui leur a accordé 12 points (être star à La Valette), dans un capharnaüm mi-admiratif (le single est un des plus gros succès de l'Eurovision ces dernières années dans les charts du Royaume-Uni) mi-dégueulatoire (cette grosse truie de Charlotte Church, l'ex-bébé chanteuse lyrique engrossée par je ne sais plus quel rugbyman, a mené toute une campagne dans son show télé pour dénoncer la merditude, l'absolute shit de Scooch - ce à quoi Russ, la blond, a répondu "quel dommage que la jeune fille à la voix d'ange ait maintenant une bouche d'égout"). Il paraît que ça a cartonné en Chine et au Japon. Bref c'est un morceau qui, malgré sa 22e place, a beaucoup fait parler! Et accessoirement, c'est un des rares (uniques?) candidats destinés à finir dans les derniers qui prend le temps de t'indiquer, en plein morceau, où se situe les issues de secours (ça devrait servir de modèle pour d'autres).


2. Gina G - Ooh Aah Just a Little Bit (1996)

Nous approchons du sommet avec Gina, ultragiga-favorite du concours qui, si elle n'a pas gagné (et n'a fini qu'à une honteuse 8e place), a un peu changé l'histoire du concours puisque l'année suivante, le télévoting a commencé à être introduit dans le concours. Cette année-là, le jury ont préféré faire gagner... une ballade irlandaise, comme dans pratiquement toutes les années 90. C'est pourtant de Gina qu'on se souvient, de son intro de la plus grande discothèque du monde à sa mini-tiny robe scintillant de mille feux, parangon d'Eurodance qui a fait le tour du monde, nommé aux Grammy Awards, numéro 1 au Japon et tube en Europe. Ses danseuses ont le ténia et dansent n'importe comment, Gina est déchainée: quelque part, l'Australienne a vraiment gagné.


1. Sweet Dreams - I'm never giving up (1983)

Simply the best. L'acmé de l'Eurovision. Ou quand le génie de l'improbable rencontre le génie de la perfection pop: voici Sweet Dreams, un peu comme si Pia Zadora s'était faite bouffer par Véronique et Davina, de l'aérobic-pop qui ne s'arrête jamais, qui allie le sens de la mélodie british à l'énergie suédoise, ça fait des mimiques, ça dandine, la modulation est juste merveilleuse (bien qu'un peu chaotique). Sweet Dreams a fini 6e, c'est bien, mais leur prestation, leur chanson, figurent bien au firmament du panthéon de l'Eurovision. God bless the Queen! Sinon il paraît que la brune donne des cours de chant, si vous trainez quelque part à Londres...

1 commentaire:

  1. OUIII des chiennes meunières, des paillettes en quantité farigoulesque, des biomans du bonheur et des Misfits bonbons ce blog est le meilleur du mooooonde!!!

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