vendredi 31 décembre 2010

Best of the best - L'Estonie


Quoi de mieux pour accompagner l’arrivée de la nouvelle année qu’un top Estonie ? Car non seulement 2011 va voir leur entrée dans la zone Euro (ce qui est fascinant), mais ce sera également l’occasion de fêter les 20 ans du pays ! Et oui, en 1991 l’Estonie a déclaré son indépendance et (à croire que c’était tout en haut leur to-do list en tant que vrai pays), s'est présentée à l’Eurovision dès 93 ! Bon, on a rarement fait plus faux-départ, puisque leur première candidature a tout simplement été refusée, et que leur première vraie chanson (en 94, donc, tout le monde suit ?) est arrivée avant-dernière. Bienvenue, les gars ! Mais ils se sont bien rattrapés depuis, puisqu’on leur doit la plus improbable des victoires. En 2001 l’Estonie remporte en effet le jackpot, devant un parterre européen médusé autant par la médiocrité générale des candidats de cette année que par le coté totalement random de cette victoire. Parce qu’il faut bien dire, c’était à nos yeux un des pires candidats estoniens. D’ailleurs le reste de l’Europe s’est par la suite vengé et les a condamnés à perpétuellement échouer en demi-finale. Mais à Shalali Shalala, on s’en fout, on adore l’Estonie ! C’est notre chouchou parmi les petits nouveaux du concours. D’ailleurs malgré ses (seulement) 16 participations, ils ont droit à un vrai beau top 10 ! C’est parti.



10. Malcolm Lincoln - Siren (2010)

Malcolm Lincoln n’est pas le patronyme de ce jeune chanteur, mais le nom de son groupe. Cela vient de la version estonienne de «Qui veut gagner des millions », où une candidate (probablement une Suntribe, voir plus bas) s’était bien gourée de réponse à la question « Quel était le prénom de Lincoln ?». Leur chanson est toute aussi décalée, de même que la mise en scène minimaliste, prise au piège d’une caméra qui tournicote dans un seul sens à l’infini comme dans dans un Lelouch (on attend encore les chansons filmées caméra à l’épaule façon Dogme). Sinon, il ne faut pas oublier que l’Eurovision reste la grand soirée annuelle de maltraitance de l’anglais. Du coup face à un accent aussi bon que celui-ci, le reste de l'Europe non-anglophone a du se rouler par terre – avec raison – de honte et de jalousie. C’est sûrement ce qui les a fait perdre. Ça ou la petite danse de cabri à 1:27. Le plus bizarre dans l’histoire c’est quand même que, malgré leur élimination en demi-finale, ces jeunes gens ont immédiatement après été signés chez Universal. Comme quoi…



9. Maarja-Liis & Ivo - Kaelakee hääl (1996)

Cette chanson, c’est un peu comme une lettre adressée au Père Noël par une fillette bien sage dans sa chambre au papier peint imprimé de dauphins, ou comme une conversation amoureuse rejouée tout bas à Téléphone Secret. Ça s’appelle La Voix du collier, et ça parle donc selon toute vraisemblance d’un collier-bonbon rose et blanc à croquer. Et tant pis si le mec (qui visiblement n’a rien compris au code couleur du reste du groupe) commence tous ses couplets par chanter couille, on va faire semblant de n’avoir rien entendu. Maarja-Liis, comme de nombreuses autres candidates de son pays, est par contre tombée très vite dans l’enfer de l’addiction. L’addiction à l’Eurovision. Elle a en effet à nouveau représenté son pays l’année suivante (en solo cette fois) avec une chanson en tout point similaire, mais qui ne s’appelait plus du tout Kaelakee hääl, oh ça non, mais Keelatud maa - rien à voir - et qui a fait à peu près le même score. A croire que personne ne s’est aperçu de rien. Elle a par la suite participé en toute logique au Melodifestivalen 2003, puis en 2004 encore à l’Euro-Laul (c’est le nom de la présélection estonienne, génial, non ?). Le mec, lui par contre c’est personne, allez ciao. Il n’empêche que toute l'Europe a été attendrie par ce duo, leur impayable choré de genoux (bien visible dans les plans d’ensemble) et cette dernière note très étrange. 5e place, donc.



8. Sahlene - Runaway (2002)

Ah Sahlene ! Sahlene c’est la grosse joie de vivre, l’extase in your face et un sourire au bord de la déchirure musculaire. Et Sahlene a sûrement bien raison d’être toute jouasse, car Runaway ressemble à ce que Lene Marlin doit avoir dans la tête quand elle est trop contente de manger des Miel Pops le matin. Ceci dit, à la base, ce n’est pas elle qui devait la chanter (ni Lene Marlin non plus, hélas). Runaway a en effet été écrit pour Ines, qui représentait déjà mollement l’Estonie en 2000. Malgré sa 4e place à l’époque (certes volée), cette dernière a refusé de revenir. Et comme visiblement il n’y avait personne de sa trempe dans tout le pays, c’est une pro qui a été appelée à la rescousse, car Sahlene est en effet Suédoise ! Et comme si cette nationalité ne suffisait pas à assurer sa supériorité, Sahlene avait déjà sur son CV une double expérience de choriste pour l’Eurovision (pour Claudette Pace et surtout Charlotte Nilsson-Perrelli). Moyennant quoi elle commence sa chanson par « I don’t wish I could turn back time ». Tu m’étonnes, on est bien mieux toute seule à l’avant-scène, hein ? Preuve de son addiction aux spotlights : elle a ensuite retenté le Melodifestivalen deux fois (bon par contre ça suffit maintenant !) Son sourire de winneuse était en tout cas contagieux, puisqu’il lui a valu une belle 3e place.



7. Kreisiraadio - Leto svet (2008)

Bon, après plusieurs éliminations en demi-finale, l’Estonie, comme d’autres pays avant eux, CRAQUE, et envoie leur candidat-de-l’absurde. Colossale victoire à l’Euro-Laul (qui aura rarement aussi bien porté son nom), puis colossal gadin quand-même en demi-finale pour ces trois comiques nationaux. Ça valait bien la peine. Leur chanson (ils se sont quand même mis à cinq pour écrire ce truc) est en finnois, faux serbe et faux allemand (!) avec des mots pris au hasard dans un dictionnaire. On sait tous que Céline Dion fait la même chose. Mais ces petits malins se sont amusés à changer les paroles sur scène au dernier moment pour placer à la fin un bon vieux fuck des familles en finnois (difficile à identifier, du coup). Entre temps, on aura tout vu lors de ces trois minutes sur scène : deux hommes qui copulent avec un piano, des pom-pom putes qui dansent le kasatchok et qui rebondissent dans tous les sens avec un soleil en papier mâché, ainsi qu’une perruque afro qui serait apparemment un clin d’œil parodique au chanteur noir qui accompagnait le candidat gagnant en 2001 (il était pourtant chauve ?). Bref, tout cela forme un bien beau kamoulox visuel qui fait partie des rares morceaux du concours à s’être fait hué. Y a pas de justice.



6. Evelin & Camille - Diamond of night (1999)

Diamond of night c’est une sorte berceuse de Nature & Découverte, avec tournoiement des constellations et lever de soleil final, dans la plus pure veine mystique des pays baltes (voir Aiste, candidate la même année, dans le top Lituanie), avec un petit beat Enigma-esque qui donne, il est vrai, un petit coup de vieux à l’ensemble. Le site internet d’Evelyn nous apprend qu’elle a elle aussi tenté l’Euro-Laul « many times ». Si elle n’ose même pas dire le chiffre exact c’est que ça doit être énorme et embarrassant. Il paraitrait d’ailleurs que c’est pour souligner enfin sa victoire tardive qu’elle a fait rajouter la phrase « Now I can say it is my time » à la fin de chaque refrain ! Ok, elle, elle est barge. Elle y a même retenté sa chance deux fois en vain (mais stooop !!), mais elle a un peu gagné quand même puisque aujourd’hui c’est elle qui annonce au monde entier les résultats des votes de son pays ! Bravo, ma grande ! Ah oui et sinon, elle fait également des galas sur des bateaux de croisière dans la Baltique. Voilà. Et qui est Camille vous me demandez ? Bah personne ne sait, en fait…. mais bon, vu qu’apparemment il n’y a que 10 chanteuses en Estonie et qu’ils les font tourner tout le temps, on devrait surement la revoir d’ici quelques années. 6e place.



5. Urban Symphony - Rändajad (2009)

Après plusieurs candidats plus ou moins volontairement drôles, l’Estonie se réveille et revient à sa veine mystico-electro- world. Et Bingo, les revoilà en finale ! Bravo donc à cette fausse Bat For Lashes, qui nous chante que « Nous sommes tous des nomades ». Bon elle est bien mignonne et sa chanson est très bien, mais des paroles comme ça, c’est vraiment la tarte à la crème des textes de l’Eurovision, avec les « This is my life / my dream », toutes les chansons qui incluent « your love » et celles sur la fraîcheur de vivre en général. Pour l’anecdote, l’une des choristes du groupe avait déjà participé à l’Euro-Laul en 2006 avec une chanson intitulée « be 1st » et qui a fini… dernière. Voilà voilà voilà. 6e place, sinon !



4. Neiokoso - Tii (2004)

Neiokoso c’est l’histoire d’un naufrage en direct. Le groupe fut le premier candidat a être sélectionné par les Estoniens eux-mêmes et non par le jury. Que faut-il en déduire sur le goût et la santé mentale du peuple ? Il convient d’analyser cette vidéo point par point comme un médecin légiste examinerait un cadavre particulièrement mal en point. Le doute s’installe dès le début, face à cette tenue de Pocahontas médiévale et cette grosse galette musicale non-identifiée. Le reste du groupe, particulièrement concerné, arrive à tour de rôle sans ressentir le besoin d’avoir l’air pro, et à 0:45 : on comprend que c’est complètement foutu. A 1:08 elles commettent une erreur fatale sur l’échelle du ridicule : se tenir par les épaules !!! A partir de là, le public aurait tout aussi bien pu leur jeter des œufs, elles n’auraient pas été plus humiliées. Et comme si ca ne suffisait pas, les coucous qu’elles font à la caméra à 1:20 enfoncent le clou dans le cercueil de la dignité. A 2:22, elles réalisent que les carottes sont cuites et se lâchent en improvisant le reste de la chorée. Mauvais idée. Il y en a même une qui se recoiffe à 2:30 ! Et leur batteur finit par se cogner la tête sur sa batterie de dépit. A l’heure où nous parlons, les Neiokoso croupissent probablement dans un goulag en guise de punition. Ou alors leur chanson sert de BO à la fête des secrétaires de Tallin. Avec tout ça, en tout cas elles n’ont pas dépassé les demi-finales.



3. Suntribe - Let’s get loud (2005)
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Le test des « dix premières secondes » marche très bien aussi pour les Suntribe : quand on voit ces cinq ivrognes faisant coucou maman derrière leurs platines, tous les espoirs s’envolent. Il y en a quand même une qui s’applique à faire semblant de scracher ! Normal c’est la leadeuse, d’ailleurs cette bitch s’est également présentée à l’Euro-Laul en solo contre toutes ses camarades! Mais sinon on est sûrs qu’elles s’adorent. Même la noire qui ne fait pas du tout partie du groupe et qui a été rajoutée au dernier moment comme un pot de géraniums. Même la petite blonde qui ressemble de manière dérangeante à la marionnette de Bécassine/Jean Marie Le Pen du Bébête Show. Les Suntribe, c’est bien sûr la fête, mais c’est avant tout un look, probablement sponsorisé par Pimkie et Claire’s, à en juger par leur t-shirt Daisy et leurs colliers de perlouses. Trop wild, rock qui tâche ! C’est aussi un accent venu de nulle part (à 1:34 c’est toujours de l’anglais), et un amour de l’alcool à toute épreuve (on ne nous fera pas croire qu’on peut s’habiller comme ça en étant sobre). Le pont est le grand moment de la chanson, avec accès de folie où la soirée pyjama vire à l’émeute, et la cerise sur le gâteau arrive à 2:55. Ensuite, on sent qu’elles sont toutes essoufflées parce qu’on entend plus rien. C’est bien beau de jouer les riot girl à sauter dans tous les sens, mais après pour assurer la chanson il n’y a a plus personne ! Le groupe s’est séparé peu après son inévitable élimination en demi-finale, et nul ne sait ce qu’elles sont devenues, mais notre petit doigt nous dit que si on va à Tallin, on les retrouvera toujours en train de cuver au fond d’un caniveau… Ah sinon, on ne dirait pas mais cette chanson a été écrite par le même compositeur que celle d’Urban Symhony !



2. Silvi Vrait- Nagu Merelaine (1994)

La première vraie candidate de l’Estonie, la mère de toutes les futures candidates, c’est elle. « J’arrive discrètement comme une vague » nous dit la chanson, et effectivement niveau discrétion c’est réussi, puisque mamie Silvi a fini avant-dernière avec seulement deux misérables points, bravo le veau ! Pourtant le compositeur de Nagu Merelaine est aussi celui du fameux candidat gagnant de 2001 (on vous a dit qu’on l’aimait pas, lui ?). On n’a pas grand-chose à dire sur Silvi, si ce n’est qu’on aime beaucoup sa chanson, ses improbables rimes en –ou, et que malgré son gabarit elle a joué le rôle de Mama Morton dans une production estonienne de Chicago (hum…). D’ailleurs mate le vibrato corporel à 1:42. On l’aime bien même si elle n’a visiblement pas eu le temps de passer au stand coiffure avant de monter sur scène (elle s’est peut-être crue aux répètes ?). On aime ce subtil camaïeu de mauve, et cette intro qui vient nous rappeler que toutes les guitares des années 80 ‘s n’ont pas encore été jetées au fond de la Baltique. Traumatisé par ce score moisi, l’Estonie a immédiatement laissé tomber l’idée d’envoyer des gens de plus de 30 ans après ça. Aboule les jeunes pouffes, vite !



1. Sandra Oxenryd - Through my window (2006)

Encore une Suédoise ! Pour l’anecdote : Sandra a été championne de hockey sur glace, mais surtout elle est arrivée 2e d’un concours national de sosie d’une certaine célébrité suédoise… Non pas Victoria Silvstedt mais la star de l’Eurovision et folle de Dieu Carola ! Elle était donc destinée à venir schlaguer devant l’Europe entière. Et ça marche, car c’est d’abord un plaisir pour les yeux, grâce à cette tenue de Sheila prête à partir dans l’espace (sa ceinture crache surement des rayons lasers), mais surtout un plaisir des oreilles ! Du schlager dans les règles de l’art, par les même auteurs que les chansons de 2000 et 2002 (donc non seulement en Estonie il n’y a que 6 chanteuses, mais il n’y a que 3 auteurs), avec des petites bruits de cloches sur le refrain qui font toute la différence pro, et surtout avec ce qui reste comme l’une des modulations les plus efficaces de l’Eurovision. Même pas besoin de ventilo. Bon ça aurait évidemment été orgasmique si elle avait poussé le concept jusqu’au bout et qu’elle avait chanté avec une véritable armature de fenêtre collé sur sa gueule, où s’il y avait eu une chorée à base d’Ajax et de chiffons ! Le problème c’est que Sandra a souffert de la présence de nombreuses autres schlageuses cette année-là dont son evil twin Carola ! On peut déjà commencer à fantasmer sur un remake de Mulholland Drive avec elles deux. Son élimination en demi finale reste quand même l’une des erreurs les plus incompréhensibles du concours. Alors qu’a fait Sandra par la suite ? Et bien elle a retenté sa chance en vain en Pologne en 2008 avec un titre pourtant plus-schlager-tu-meurs : Superhero. Carola, qui elle avait atterri en finale haut la main, en rit encore depuis son trône.

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